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Le repeuplement des loups en Bavière : Le réveil de peurs ancestrales dangereuses pour la survie de l’animal

La réintroduction de l’ours est à l’origine de controverses dans des pays comme l’Allemagne, la France, la Russie ou la Finlande. Il en est maintenant de même avec le loup, et cette fois-ci la Bavière a même élaboré un plan.

Le loup a naturellement repeuplé l’Allemagne ; mais on ne peut parler ici de « réintroduction » que dans le sens de « faire adopter par l’usage », le terme véhiculerait autrement une diabolisation de l’animal, un rejet en de celui-ci dans l’environnement qui lui est propre. Ainsi, le dilemme réside dans l’acceptation de la population et des politiques de sa présence en Allemagne aujourd’hui, pour diverses causes.

Il y avait jadis beaucoup de loups en Europe. Cependant ils ont presque tous été éliminés par l’homme. En 2000, pour la première fois depuis 150 ans, une famille de loup a été repérée dans la Saxe. Depuis, la bête a été vue dans de nombreuses régions. En septembre de cette année, une brebis a été retrouvée morte en Lusace (au Nord-Est de l’Allemagne), dévorée par un loup. L’animal, à l’état sauvage, avait disparu du continent depuis longtemps. Cette découverte a donc une nouvelle fois secoué la population.

De mémoire d’homme, un loup n’a jamais mangé un humain, mais il a toujours suscité une grande crainte. En août dernier, quelqu’un, qui n’a jamais été retrouvé, a tué une louve dans le Land de Brandebourg. Cet acte reste illégal compte tenu du fait que l’animal est protégé. Ainsi, à la suite de son repeuplement en Bavière, pour éviter tout incident en cas de rencontre avec un loup, un plan de management a été mis en place par le ministre de l’environnement Otmar Bernhard.

Tout d’abord montrer du respect envers l’animal. Ensuite, ne pas s’enfuir. Puis, si l’on veut reculer, se mouvoir lentement. Et, enfin, si le loup s’approche, faire en sorte de se faire remarquer par d’autres personnes, en parlant fort ou en gesticulant par exemple. Une connaissance de l’animal semble en effet indispensable pour pouvoir éviter toute attaque de sa part. Le respect évoqué dans ces règles, va de paire avec le respect de sa vie, ainsi que de la faune (et la flore) de la planète, fondamental pour éviter le massacre de l’espèce perpétré au cours du XIXème siècle.

Pour éviter la peur engendrée par des croyances populaires, pas toujours rationnelles, une connaissance et une dédiabolisation s’imposent. Le problème est que la presse à scandale a tendance à alimenter ces peurs, elle s’enrichit de ces craintes ancestrales.

En Lusace encore, au nord-est de l’Allemagne, entre 22 et 30 loups ont été signalés, ils auraient tué 21 brebis. Un article du journal à sensation Bild, concernant un village, alarme la population avec la mort de 16 cerfs, également tués sous les crocs des redoutés prédateurs. Le journal cite même un éminent professeur qui déclare que « l’Homme est naturellement une des proies du loup ». Le Landrat Bernd Lange (CDU) est pour la solution de s’armer contre lui, pour s’en protéger. Est mentionnée juste brièvement Jana Schellenberg, de Wolfsregion Lausitz, qui déclare que le risque qu’un loup attaque reste faible. Les parents ne veulent pas laisser leurs enfants seuls dehors, les gens paniquent. Ce sujet constitue une question grave car la survie des espèces, à l’heure des dérèglements climatiques et des déséquilibres dans les chaînes alimentaires- et donc dans la nature en globalité- causée par la réduction voire la disparition de spécimens animaux, constitue un objectif essentiel, c’est un problème contre lequel les associations environnementales luttent. Un autre problème majeur concernant le loup est celui de la chasse. Les associations de protection de la nature, comme l’association fédérale NABU, prônent un « dialogue neutre » avec les chasseurs afin de « réapprendre à vivre avec les loups dans notre environnement ».

La GzSdW (Gesellschaft zum Schutz der Wölfe e.V.) annonce explicitement dans un communiqué de presse qu’il s’engage à assurer la protection du prédateur mais aussi des animaux productifs et des animaux sauvages de la forêt comme le cerf par exemple, grâce à des mesures telles que l’introduction de meutes de chiens et de zones électriques spéciales, mais aussi grâce à la coopération des citoyens quant au signalement d’animaux morts et tués par des loups. Elle organise même un projet scolaire pour informer et rassurer les plus jeunes. Par ailleurs, le magazine Wölfe (« loups ») a, en 2006, dédié un numéro spécial au rôle de la bête dans la nature et dans la chaîne animale, il en a également fait une description complète, en espérant faire taire la recrudescence de peurs ancestrales. C’est aujourd’hui à l’Homme, en Bavière comme ailleurs, de ne pas répéter les erreurs du passé (angoisse irrationnelle face à une méconnaissance du loup et de son comportement, diabolisation) et anéantir un spécimen de la race canine qui a, aussi, toujours su fasciner et inspirer. Le grand méchant loup reste un symbole. Attention, à ne pas prendre au pied de la lettre ! Danger de mauvaise interprétation !

Espérons que les citoyens bavarois et allemands (ainsi qu’européens et du monde entier !) suivent ce sage proverbe, qui pour une fois valorise la digne bête : « Prends le loup pour frère car il connaît l’ordre des forêts ». Cela relève donc de l’engagement citoyen et politique pour permettre au loup de survivre en Allemagne, pays où des progrès pour faire changer les mentalités quant à la protection de la nature restent à faire, malgré la bonne santé de la recherche scientifique- mais qui reste fortement industrialisé (fait allant à l’encontre d’ambitions écologiques) et qui a comme projet une nouvelle usine nucléaire à Moorburg en Bavière, projet ayant recueilli de nombreuses protestations. Ces progrès seront, espérons-le, possibles, grâce au Forelle 2010, dans le Land de Hambourg, probablement moins médiatique que le Grenelle français. Il en va aussi de la survie de notre voisin le loup.

 
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