Oh mon gode !
L’époque des achats coupables dans les sex-shops des quartiers chauds de Paris ou de Hambourg est révolue. Aujourd’hui, l’industrie du sexe s’est débarrassée de sa réputation vulgaire et les sex-toys sont devenus un accessoire glamour.
Entre nous les filles, l’une d’entre vous a-t-elle déjà mis les pieds dans un sex-shop de Pigalle ou de St. Pauli ? J’en doute. Soyons honnêtes, ces lieux un rien vulgaires n’ont jamais vraiment attiré les femmes. L’industrie du sexe l’a enfin compris et développe donc de nouveaux sex-shops adaptés aux attentes féminines. Avec la série américaine culte Sex and the City, les sex-toys se sont démocratisés et les femmes sont désormais gourmandes de jouets sexuels. Plus encore, elles sont en demande d’une offre coquine et ludique et d’un environnement propice à la découverte de nouvelles expériences. Résultat, les femmes d’aujourd’hui ne s’aventurent pas dans les quartiers chauds pour s’acheter un jouet sexuel, mais dans des boutiques glamour ou branchées, en plein centre-ville. C’est bien simple, les sex-shops sont pour les femmes les nouveaux magasins de chaussures, à en croire une étude du groupe Beate Uhse, l’un des acteurs historiques sur le marché.
Aujourd’hui, la moitié de ses clients sont des femmes. Des antres d’antan on est donc passé à des magasins accueillants et chaleureux, qui n’effraient ni les femmes ni les couples en quête de jouets ou d’huile de massage pour pimenter leur vie sexuelle. Dernier en date : le Fun Factory, qui a ouvert ses portes en mai sur l’artère la plus célèbre de Mitte, la Oranienburger Straße. L’établissement, qui se veut “le premier sex-shop du XXIe siècle”, tient en réalité plus du concept store que du sex-shop. Réalisé par l’architecte américain Karim Rashid, il est conçu en formes d’actes. En entrant, on tombe sur un rayon consacré aux préliminaires et à l’étage on passe aux choses sérieuses…
Les fabricants de jouets sexuels regorgent d’imagination
À nouvelle demande, nouvelle offre. Les produits eux aussi ont évolué. Aujourd’hui, c’est un Rykiel sinon rien ! Depuis que la créatrice de mode a lancé en 2003 son désormais célèbre canard, un sex-toy vibrant et massant, le vibromasseur est devenu un accessoire de mode à glisser dans son sac à main. De la taupe au lapin rose en passant par les boules de geisha, on trouve de tout, dans toutes les matières. Les fabricants de jouets sexuels regorgent d’imagination. Bref, aujourd’hui toute femme épanouie est censée posséder un jouet intime. Pour autant, on a beau être libérées et décomplexées, l’achat d’un sex-toy n’est pas une démarche banale. Chez Yoba, qui occupe le segment high-end du marché, on l’a bien compris. La boutique est installée depuis 2003 dans un quartier chic de Paris, mais earrière-cour… Car on a beau acheter son vibromasseur dans un lieu qui ressemble plus à un boudoir qu’a un sex-shop, il n’empêche qu’un tel achat reste hautement intime. Dévoiler ses préférences sexuelles à une vendeuse inconnue ne va pas forcément de soi. Aussi, chez Yoba, on privilégie le conseil et la mise en confiance. L’achat d’un sex-toy devient finalement un prétexte pour parler plaisir et désir et pour passer un bon moment en couple ou entre copines. Car, au-delà du plaisir que peut procurer un jouet sexuel, c’est bien ça qui semble émoustiller le plus les femmes. Comment expliquer, sinon, le succès des soirées sex-toys qui se multiplient en France et en Allemagne et qui ressemblent étrangement aux soirées Tupperware de nos mamans.
TEXTE : ANNE MAILLET
Source : www.parisberlin.fr