Sven - tellement beau de loin ; tellement chiant de près

Grand et svelte, les yeux couleur iceberg et le nez fin, Sven, c’est un peu une plage de la Mer du Nord au sable blanc et à l’eau turquoise, c’est un peu la droiture teutonne emballée dans un papier-cadeau Michael Fassbender. Bref, Sven est un canon, et pas une grosse Berta s’il vous plaît.

Repérer Sven

Il est plutôt calibré comme un missile V2 : fuselé, direct et ambitieux. Malgré son physique nucléaire, il est toujours célibataire et n’est pourtant pas un Don Juan. Diplômé, et même plutôt deux fois qu’une, de biologie/physique/logistique, Sven a environ 34 ans et ne la ramène jamais sur ce qu’il fait. Il écoute avant de parler, pose des questions sujet-verbe-complément, ne fait jamais de fioritures, s’exprime d’un ton égal et ne coupe pas la parole à table. Politiquement, il est à gauche, sans radicalité toutefois. Son credo, c’est la tolérance. A première vue, Sven, c’est donc ce que l’Allemagne peut vous offrir de mieux.

De type urbain, on trouve le Sven partout en Allemagne, de Cologne à Munich en passant par Berlin, même s’il affectionne moins cette dernière qu’il juge un peu trop fêtarde et superficielle, mais dont il adore les étendues forestières.

Comment le séduire

Sven aime le sport. C’est pour cela que ses cheveux châtain clair sont coupés ras : pour ne pas casser sa moyenne à vélo par manque d’aérodynamisme. Pendant la belle saison, Sven randonne comme un dingue à Majorque, c’est même sa seule drogue. L’hiver, il affectionne l’escalade en intérieur. Emmenez-le grimper dans une Sporthalle. Il pourra déballer sous vos yeux ébahis son équipement complet de varappe : crochets en aluminium hyper légers mais hyper solides, caleçon anti-transpiration poids plume, etc. Si Sven semble avoir peu de désirs sexuels, il y a bien une chose à laquelle il ne résiste pas : une paire de fessiers musclés grimpant devant lui un mur aux couleurs Playschool. Feignez la difficulté : Sven s’empressera de vous montrer la bonne prise sur un ton pédagogiquement séduisant.

Le choc culturel

Rare est la Française qui peut vraiment supporter le trip rando-escalade plus de trois mois. Quand Sven vous aura déballé le nombre de calories de votre religieuse au café et expliqué par le menu comment le vin de Bourgogne s’infiltre dans votre lymphe et y prépare un cancer certain, vous aurez envie de le perdre dans les collines de Majorque lors d’une énième randonnée.

Sous son apparence de chevalier teuton, Sven est un emmerdeur au ton doctoral. Vous voudriez le voir faire une crise de jalousie, casser quelque chose de rage, exprimer une opinion stupide, pour changer. Limite, vous rêvez d’un Latino bedonnant qui vous ferait l’amour comme un sauvage sur le tapis du salon, ce même tapis que Sven a choisi écologique et labellisé commerce équitable. Et puis, je dois bien vous le dire, si Sven a le cheveu ras, ce n’est pas vraiment par souci de simplicité, mais pour cacher une désagréable calvitie naissante.

Comment le larguer

Rien de plus simple. Dites-lui, droit dans les yeux, que c’est fini, en dépit du bon temps passé ensemble. Remerciez pour tout ce qu’il vous a appris sur la digestion et la meilleure façon de lire les ingrédients sur les produits au supermarché. Jamais Sven n’ira dormir sur votre paillasson ou vous traquer au bureau, ni même pister votre compte Facebook. Sven est digne, même dans la douleur. Et puis, il sera ravi de se débarrasser de vous. Au bout d’un moment, la passion française, ça lui cassait vraiment les pieds. Loin de vos cris, il retrouvera un sommeil et un appétit régulé. De quoi attaquer le GR 20 l’été prochain.

Manon & Marie