Aux grands projets, les grandes débâcles en Allemagne
Le nouvel aéroport de Berlin vient s’ajouter à la liste des grands projets qui courent à la catastrophe aux quatre coins de l’Allemagne. Les promesses politiques sont à chaque fois montrées du doigt.
Repoussée à de nombreuses reprises, c’est désormais pour le 27 octobre 2013 qu’est prévue – provisoirement – l’ouverture du nouvel aéroport Berlin-Brandenburg. L’Allemagne, qui souhaite imposer la rigueur aux pays de l’Europe du Sud, use elle-même du renvoi aux calendes grecques. Horst Amman, qui a repris les commandes du chantier, a dû reconnaître “un manque de coordination. Nous manquons encore de plans pour une vue d’ensemble de notre planification”. Avec son aéroport, l’ancien- nouveau château et les plans perdus du futur siège des services secrets, la capitale allemande semble ainsi s’être spécialisée dans les mésaventures architecturales.
Des calendriers ralentis
Seulement, l’aéroport et Berlin sont loin d’être une exception en Allemagne. D’autres grands projets, promis à un avenir rayonnant, peinent à sortir du sol et se transforment en gouffres budgétaires. Hambourg devra attendre au moins novembre 2014 pour profiter pleinement de sa nouvelle Philharmonie, dont le chantier avait été lancé dans la précipitation en 2008. Les conflits entre la ville et les entreprises de construction continuent de ralentir considérablement le calendrier de réalisation. De même, nombreux seront les trains qui passeront avant que la nouvelle gare de Stuttgart soit inaugurée, entre la fronde des riverains et les couacs de planification. Rüdiger Grube, président de la Deutsche Bahn, s’est essayé dans Die Welt à une analyse globale de ces problèmes: “En règle générale, dans la première phase, sont proposés des calculs et des plannings très vagues. Une première date est présentée. Celle-ci reste gravée dans les esprits et en- suite personne ne veut repousser cette date, même au vu de nouvelles réalités.”
Affronter la réalité
Un avis partagé par Josef Zimmermann, professeur à l’université technique de Munich: “Le porteur de projet doit dès le début savoir précisément ce qu’il veut construire. Mais il peut arriver que les souhaits changent.” C’est notamment le cœur de la discorde pour l’Elbphilharmonie de Hambourg. Il avance d’autres explications possibles: “Il y a évidemment, d’un côté, des erreurs techniques envisageables et on peut également s’imaginer qu’il puisse arriver que,pour des raions politiques, on ne souhaite pas au tout début affronter la réalité des coûts de construction”. Selon lui, cependant, pas question de condamner les acteurs politiques : “Il arrive exactement la même chose lorsqu’il s’agit de projets privés. Cela va de la construction de la simple maison familiale jusqu’aux difficultés du chantier du BMW Welt à Munich”.
Pas de phénomène allemand
Mais Josef Zimmermann refuse d’y voir un phénomène allemand : “Évidemment, les exemples actuels n’aident pas à renforcer notre image. Mais ça ne veut absolument pas dire, par exemple, que les ingénieurs sont mal formés. Il y a partout ce genre d’exemples.” Cela a été notamment le cas de l’opéra de Sydney, qui a pris une décennie de retard. Aujourd’hui au patrimoine mondial de l’ UNESCO, il est le bâtiment le plus célèbre du pays.
TEXTE : SEBASTIEN VANNIER
Source : ParisBerlin
Article original : Aux grands projets, les grandes débâcles