L’art en Rhénanie du Nord Westphalie
En Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le Land le plus puissant d’Allemagne du point de vue politique, démographique et économique, la culture tient une place très importante.
Avec des évènements comme la RuhrTriennale, créée par le Land en 2001, la culture remodèle l’identité du pays, sous le signe de l’excellence et de l’international. Elle est la priorité du ministre président Jürgend Rüttgers (CDU). Elle s’est principalement développée au XIXème et XXème siècle, et, en 1946, lorsque le Land fut créé (né de la fusion de la Rhénanie, de la Wesphalie et de la Lippe), les dirigeants virent très vite en elle le symbole de la consolidation de cette union. De plus, les entreprises regroupent des fondations privées qui toutes travaillent dans le domaine culturel (exemple : la fondation Museum Kunst Palast à Düsseldorf financée par Eon). Les galeries exposent toutes des collections privées d’art contemporain, la modernité étant au goût du jour.
Avec la désindustrialisation du Land, la culture s’est de plus en plus inscrite dans un cadre global et une économie à long terme. En1999 a eu lieu une exposition d’architecture, l’IBA Emscher Park, qui a contribué à la reconversion de la région. Ainsi, ces projets politiques et privés ont permis de créer de grandes institutions (chaînes de télévision- WDR, musées, opéras –Essen, la maison de la danse –Düsseldorf, des théâtres –Bochum, le centre européen de traduction de Straelen, l’Académie des Beaux-Arts de Düsseldorf.
Les villes de Düsseldorf et de Cologne représentent 40% du marché de l’art. Düsseldorf, jumelée avec Moscou et Varsovie, se voit être le berceau de multiples projets avec la Russie et la Pologne. Beaucoup d’artistes qui se produisent dans les galeries vont aussi exposer en Pologne, et vice-versa, un peu partout dans le Land.
En 2008-2009 sont prévus en France un ensemble d’évènements mettant à l’honneur la Rhénanie- du- Nord- Wesphalie, dans le cadre de la saison culturelle européenne. Cette saison culturelle étant, selon l’ancien ministre des affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, en mars 2007 dans le but de « contribuer à une meilleure prise de conscience par le public français de la richesse et, surtout, de la diversité des cultures européennes, de la force d’un patrimoine en grande partie commun », « intensifier [l]es courants d’échanges» existants , car il déplorait le fait que « les expressions contemporaines restent souvent méconnues, et les oeuvres de certains pays sont moins bien représentées que celles de nos principaux voisins ».
Essen, ville au taux élevé de jeunes issus de l’immigration, a pour ambition de cultiver la compétence interculturelle, le multilinguisme et l’esprit de tolérance, afin de promouvoir l’intégration par la culture. La différence devient synonyme d’excellence. Ainsi, contrairement à beaucoup d’opéras qui ne privilégient que leurs propres programmes dans le Land, des musées et des galeries accueillent des œuvres et invitent des artistes du monde entier, dont la communauté asiatique, très présente dans la région. Des institutions éducatives telles que le SOBI. proposent des thèmes tels que « jouer du tambour africain djembé » (Afrikanisches Trommeln auf der Djembé ), un « atelier Didgeridoo » (instrument à vent australien), ou encore « méditer et travailler avec les bols chantants tibétains », entre autres.
A Münster, en 2007, l’artiste Son Seyler a conduit le projet Die letzten Dinge, regroupant des artistes turcs sur le thème de la mort. Un sujet on ne peut plus moderne et existentiel, à une époque où la science est toujours en quête d’éternelle jouvence, en cette période de conflits religieux et d’une certaine recherche de spiritualité, contre-pied au culte voué à l’argent. On a retrouvé cette question de la spiritualité dans le ballet « Beckett, beer and cigarettes » du chorégraphe Felix Bürkle, en 2007 également, à l’excellente Tanzhaus NRW de Düsseldorf, sur l’écrivain Samuel Beckett, auteur de l’œuvre En attendant Godot (« Godot », est le symbole de Dieu, « God »).
Jusqu’au 20 janvier 2008 a eu lieu à Siegen l’exposition« dans des mondes parallèles » (in parallelen Welten) dans le cadre des « partenariats européens » des institutions artistiques. Le mot d’ordre, si l’on peut dire, est « l’enthousiasme ». Comme il existe beaucoup de collections privées, les amateurs d’art fonctionnent au coup de cœur, mais aussi au flair. Dans la région, le minimalisme est à la couleur, avec les expositions « Palermo » à la Kunsthalle de Düsseldorf ou encore, à la Galerie Lausberg, les expositions passées des œuvres d’Ahn Hyun-Ju et Jae Ko, Harald Schmitz-Schmelzer, Klaus Staudt, Bettina Bürkle, Carlos Estrada-Vega, Kuno Gonschior, Jus Juchtmans, Milen Miltchev, David Simpson, Sabine Funke en 2007 et actuelle « In anderen Licht » (sous une autre lumière) par Regine Schuman et la future présentation des travaux de Wolfram Ullrich, à partir du 29 février 2008. A exposé également, Claudia Blume à la galerie Bode, en 2007, à Karlsruhe, et expose Patrick Hughes à la galerie Boisserée, à Cologne, jusqu’au 15 mars 2008. Y domine aussi, en contraste, le simple noir et blanc avec Jon Berg (Düsseldorf), comme certains travaux dans l’original Kunst im Tunnel .
Tout comme le développement de la culture en Rhénanie- du—Nord Wesphalie au XIXème siècle, l’émancipation de l’artiste par rapport à la vie politique s’est faite à partir de la même époque. Il en est de même des pratiques artistiques, particulièrement dans un art qui se veut davantage « contextuel ». Intervention directe, l’art, l’expression ne représentent plus simplement mais se veulent actifs, projetés dans le corps de la vie politique (on parlera plus généralement d’art « conceptuel »). Ainsi, l’artiste agit sur le terrain de la réalité, il s’implique dans le terrain de la politique. De cette façon, l’art constitue un medium et un ciment de la « culture européenne », si l’on peut dire. Il établit un lien entre les cultures aujourd’hui et renforce l’idée d’une « identité européenne ».