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Que reste-t-il du mur de Berlin ?

berlin paris

35 ans après la chute du Mur, Berlin jouit d’une popularité sans faille parmi les jeunes d’Europe et du monde entier pour sa vie nocturne. Mais où se retrouvait-on à Berlin-Est avant la chute du Mur ? Et que sont devenus ces endroits aujourd’hui ?


1. Le Mur de Berlin: Un vestige historique
2. Les traces du Mur de Berlin
3. Histoire du mur près du centre
4. La gentrification autour du mur



1. Le Mur de Berlin: Un vestige historique

Le Mur de Berlin demeure l'un des vestiges les plus significatifs de l'histoire contemporaine, symbolisant la division idéologique et géographique qui a marqué l'Europe pendant la Guerre froide.

Construit en 1961 par le gouvernement est-allemand, le Mur de Berlin était bien plus qu'une simple barrière physique. C'était une démarcation tangible entre deux mondes idéologiquement opposés, incarnant la séparation entre le bloc de l'Est communiste et le bloc de l'Ouest démocratique. Sa présence imposante et oppressive a fait du Mur un symbole de la lutte pour la liberté et de la résistance contre l'oppression.

Le tracé du Mur a traversé Berlin, coupant la ville en deux et séparant familles, amis et communautés. Des postes de contrôle stricts et des zones de contrôle étroitement surveillées ont exacerbé le sentiment de division et de tension entre l'Est et l'Ouest.

Malgré les risques élevés, de nombreux Berlinois de l'Est ont tenté de franchir le Mur pour rejoindre l'Ouest, souvent au péril de leur vie. Des histoires poignantes d'évasion à travers les tunnels, par-dessus les murs et même avec l'aide de ballons montgolfières ont marqué l'histoire du Mur de Berlin.

La chute du Mur de Berlin le 9 novembre 1989 a été un événement historique d'une importance capitale. Elle a symbolisé la fin de la Guerre froide et ouvert la voie à la réunification allemande. Depuis lors, le Mur a été largement démantelé, mais ses vestiges subsistent en tant que rappel poignant de cette période tumultueuse de l'histoire.

Malgré le démantèlement, certaines parties du Mur de Berlin ont été préservées, devenant des attractions touristiques et des mémoriaux. La célèbre East Side Gallery, par exemple, présente des sections décorées du Mur transformées en une galerie d'art en plein air, tandis que le Mémorial du Mur de Berlin près de la Bernauer Straße rappelle les souffrances endurées par ceux qui ont tenté de franchir la frontière.

2. Les traces du Mur de Berlin

Les vestiges du Mur de Berlin ne se limitent pas seulement à des souvenirs lointains; ils se matérialisent encore de manière tangible à travers certains sites emblématiques de la ville. Environ 106 kilomètres du Mur ont été démolis après sa chute. Plus de 100 mémoriaux et sites commémoratifs sont dédiés au Mur de Berlin et plus de 5 millions de visiteurs visitent chaque année des sites liés au Mur.

La East Side Gallery

La East Side Gallery est l'un des endroits les plus emblématiques où l'on peut voir des sections préservées du Mur de Berlin. Ce tronçon long de 1,3 kilomètre est devenu une toile pour des artistes du monde entier, qui ont transformé les murs en une galerie d'art en plein air. Des peintures vibrantes et des graffitis expressifs témoignent des espoirs, des aspirations et des défis rencontrés lors de la division de la ville.

Le Mémorial du Mur de Berlin

Situé près de la Bernauer Straße, le Mémorial du Mur de Berlin offre un aperçu poignant de l'histoire complexe du Mur. Ici, des sections du Mur ont été préservées dans leur état d'origine, avec des tours de garde et des zones de no man's land, rappelant les conditions désespérées auxquelles étaient confrontés ceux qui tentaient de franchir la frontière. Des expositions interactives et des témoignages personnels ajoutent une dimension humaine à cette période de l'histoire.

Checkpoint Charlie

Le Checkpoint Charlie était l'un des postes-frontières les plus célèbres entre les secteurs est et ouest de Berlin. Bien que le poste de contrôle d'origine ait été démonté, une reproduction fidèle a été érigée pour commémorer son importance historique. Aujourd'hui, des visiteurs du monde entier affluent vers cet endroit pour se plonger dans l'atmosphère de la Guerre froide et pour voir les éléments authentiques qui y sont exposés, tels que les panneaux de signalisation et les barrières.

Les vestiges cachés

En plus des sites touristiques bien connus, des traces du Mur de Berlin peuvent également être découvertes dans des endroits moins évidents à travers la ville. Des morceaux de béton enfouis dans le sol, des plaques commémoratives discrètes et des vestiges architecturaux rappellent la présence omniprésente de la frontière qui autrefois divisait la ville.

Découvrir la Karl-Marx-Allee

Lire la stupéfaction sur les visages de ceux qui émergent pour la première fois du métro Frankfurter Tor, côté est de Berlin, est un spectacle presque aussi saisissant que **l’endroit est impressionnant**. Les Soviétiques s’en sont donnés à coeur joie, en concentrant la quasi-totalité de leurs efforts de reconstruction d’après-guerre sur la Stalinallee. 50 ans plus tard, le lieu fait toujours son petit effet. Le carrefour est bordé de deux tours, surmontées de dômes. Sur six voies, les voitures défi lent sans cesse et contraignent les piétons à traverser en plusieurs fois. D’un côté à l’autre, entre les immeubles aux façades de style impérial stalinien : 90 mètres de trottoirs, chaussées et terre-plein central. En se tournant vers le centre-ville et en levant un peu la tête, on voit se dessiner la **silhouette de la tour de télévision**, l’emblème de la capitale. Les passants ont l’air de fourmis minuscules dans ce décor colossal destiné aux parades militaires et à démontrer la puissance du régime communiste.

Rebaptisé Karl-Marx-Allee en 1961 – l’année de la construction du Mur – ce boulevard était l’artère centrale de Berlin- Est. “On pouvait y trouver tous les produits qui manquaient ailleurs, les gens venaient de toute la République,” raconte Peter Schröder, qui a toujours habité l’un de ces immeubles à la fois massifs et finement détaillés. “Il y avait aussi le merveilleux Café Sibylle, avec ses glaces,” dit-il avec nostalgie. Aujourd’hui, il s’occupe de l’événementiel du café qui n’a pas bougé de place, “le seul resté comme au temps de la RDA”, avec sa vingtaine de tables nappées de carreaux jaunes et blancs. Les débats politiques, vernissages et lectures qu’il organise font tourner l’établissement le soir. En journée, la petite galerie dans l’arrière-salle du café attire les touristes.



3. Histoire du mur près du centre

Des groupes en visites guidées se faufilent entre les objets exposés, un téléphone au design vintage ou des affiches à la gloire des travailleurs. On y apprend que ce sont les ouvriers du bâtiment, à l’ouvrage sur la Stalinallee, qui furent les premiers à défiler lors du soulèvement populaire du 17 juin 1953, réprimé violemment par les troupes soviétiques. La date devint symbolique, la RFA instaurant un nouveau jour national férié le 17 juin, proclamé “jour de l‘unité allemande”. Seule “une poignée” d’habitants qui ont connu ces événements fréquentent encore le Café Sibylle. “Autrefois, la clientèle était composée d’intellectuels, de touristes de l’Est et d’étudiants issus de familles établies,” se rappelle Peter Schröder. Les jeunes plus branchés “se retrouvaient plutôt au Mokka-Milch-Eis-Bar, en face du cinéma Kino International” situé plus bas sur l’avenue. “Dans les années 1960, c’était le lieu tendance et même un point de rencontre entre les jeunes de Berlin- Est et Ouest,” se souvient l’historien Bernd Florath, qui, lui aussi, a vécu sa jeunesse côté est.

Sous surveillance constante de la Stasi, les jeunes y échangeaient des disques américains, flirtaient et dansaient sur des rythmes disco. Le Café Sibylle, le Café Moskau et le Kino International repris peu après la Réunification par le groupe de cinémas York, sont les rares lieux à avoir survécu en gardant leurs fonctions d’alors. À la place du Mokka-Milch-Eis-Bar se trouvent aujourd’hui plusieurs commerces, dont l’Alberts, un restaurant et bar à cocktails à l’ambiance tamisée. Si la proximité du centre actuel assure une bonne fréquentation, plus loin le boulevard semble souvent vide. “C’est un axe mort : aucune clientèle de passage, les piétons ne passent même pas d’un côté à l’autre”, se plaint le gérant du Café Sibylle. Mais Peter Schröder se félicite de l’arrivée de nouveaux habitants, dont de jeunes mères qui viennent au café la journée avec leurs enfants.

Les lieux disparus de la contre-culture Dans les années 1980 aussi, l’embourgeoisement – tout socialiste qu’il soit – et l’étroitesse d’esprit du régime en place en RDA fait l’objet des vives critiques chez les jeunes plus contestataires. “Le ‘Ostrock’, le rock de l’Est, s’était développé dans des périodes de détente de la politique culturelle dans les décennies précédentes,” explique l’historien Bernd Florath. Bars en province, clubs de jeunesse ou appartements privés, les lieux des concerts – tout comme les noms des groupes – changeaient en permanence pour ne pas être repérés. “Si vous ne vous y connaissiez pas à Berlin-Est, les rues semblaient désertes le soir, les bars fermaient à minuit. Beaucoup de soirées étaient privées, et jusqu‘à 150 personnes s‘entassaient parfois dans un deux-pièces”, se rappelle Bernd Florath.

Parmi les adresses secrètes pour voir un bon concert à Berlin-Est, les églises : dans les années 1970, certaines ont introduit les “messes blues”, un mélange de religion et de musiques interdites, pour aider les jeunes en rupture avec le système. À partir de 1980, les punks ont compris que les églises étaient des sanctuaires de liberté en RDA. “Les punks étaient très bons : s’il leur arrivait quelque chose, ils allaient directement à l’église pour faire un protocole de mémoire”, raconte Lutz Baumann. Il travaille aujourd’hui comme guide conférencier, en sa qualité de témoin historique, au Musée de la Résistance de la jeunesse, situé dans les locaux d’une de ces anciennes églises rebelles, l’église de Galilée dans le quartier de Friedrichshain. “Les punks n’essayaient pas de trouver un lieu officiel, ils jouaient dans des ruines squattées ou dans des églises, hors de tout contrôle,” explique Bernd Florath. Avec leur style provocant, ils étaient généralement refoulés à l’entrée des établissements officiels. Ils se réunissaient dans des squats des quartiers de Prenzlauer Berg et Friedrichshain, ou se retrouvaient au parc d’attraction de Berlin-Est, le Kulturpark Plänterwald.



4. La gentrification autour du mur

Marc, un jeune français qui vit depuis un an et demi en couple dans un appartement spacieux de l’avenue, regrette aussi le manque de transports de surface. “D’autant qu’aux heures de pointes, il y a beaucoup de circulation et il est difficile de se garer,” explique le jeune communiquant en jetant un regard vers le bas de son immeuble. L’allée se développe en différentes parties estime Marc : “Tout à l’est, où j’habite, c’est populaire et touristique, mais en allant vers le centre, c’est en train de devenir comme un grand boulevard parisien, avec des enseignes de luxe, des magasins design, des showrooms, des galeries et des bars chics.” Pour lui, “plus que de la gentrification, c’est de l’embourgeoisement !”.

Les immeubles occupés ont été peu à peu récupérés par leurs propriétaires, rénovés et loués aux nouveaux habitants de ces quartiers bobos à l’est de Berlin. Le parc d’attraction n’a pas survécu longtemps à la Réunification. Rouvert sous le nom de Spreepark dans les années 1990, les investissements trop importants et la baisse du nombre de visiteurs, de 1,5 millions par an à quelques 400 000, causèrent l’endettement des nouveaux propriétaires, puis finalement leur faillite en 2001. Laissés depuis à l’abandon, les manèges ont été envahis par les herbes folles, avant de subir un incendie. La grande roue à l’arrêt du Spreepark attirait encore les curieux de passage et continue, malgré tout, de tourner dans les souvenirs de ceux qui l’ont connue au temps de sa grande époque, dans un Berlin-Est disparu.

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Arnaud

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